Iremam-accueille-28-05-2024

Ethnographies scolaires au Maroc. Regards croisés de Chloé Pellegrini et Mathias De Meyer

L'IREMAM accueille Chloé Pellegrini et Mathias De Meyer, auteurs de : Enseigner les langues à l’école publique au Maroc. Construction des savoirs, identités et citoyenneté et de Tachraft. Écritures et ordre d’État dans une école de village au Maroc (Presses universitaires de Rennes, 2024).

Mardi 28 mai 2024, 14h, MMSH, salle Paul-Albert Février, Aix-en-Provence. Séance animée par François Siino, politologue et ingénieur de recherche à l'IREMAM.

Enseigner les langues à l’école publique au Maroc. Construction des savoirs, identités et citoyenneté, Chloé Pellegrini, PUR, 2024

Au Maroc, les débats autour des politiques linguistiques et des langues nationales et étrangères – arabe, amazigh, français, anglais et espagnol – mobilisent des débats identitaires passionnés au nom de valeurs sociétales et civilisationnelles antagonistes, dans un contexte de tensions entre savoirs locaux et savoirs mondialisés. Cet ouvrage s’appuie sur une recherche inédite d’immersion ethnographique de longue durée à l’intérieur d’établissements scolaires publics, du primaire au lycée, en milieux urbain, rural et montagnard au Maroc. Après un état des lieux des politiques linguistiques éducatives et des débats sociétaux sur les langues, il invite le lecteur à suivre les parcours personnels et professionnels d’enseignants de langues, à observer leurs pratiques d’enseignement dans les classes et les modalités de construction des savoirs selon la langue enseignée. Dans une approche socio-anthropologique, il montre comment les idéologies linguistiques véhiculées par les programmes et les manuels y sont interprétées, et quelles formes de savoirs, d’identités et de citoyenneté sont valorisées auprès des élèves. Des pistes de réflexion sont enfin proposées pour tenter de « désidéologiser » l’enseignement des langues et d’atténuer les souffrances liées à leur apprentissage.

Chloé Pellegrini est chercheuse associée à l’IREMAM. Après avoir enseigné les lettres en France et à l’étranger, elle s’est spécialisée dans la recherche en socio- anthropologie de l’éducation au Maghreb et en Afrique. À travers Diotime Éducation, elle réalise des missions d’expertise éducative en France et à l’international. Parmi ses dernières publications : Vivre l'école : dynamiques plurielles de construction des savoirs et des identités (dir.), Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée (REMMM), n°154, PUP, 2023. Enseigner les sciences en français au Maroc, avec Marie Bucourt et Marion Chareau, publication de l’Institut Français du Maroc en coopération avec l’Académie régionale d'éducation et de formation de Casablanca, 2022.

Tachraft. Écritures et ordre d’État dans une école de village au MarocMathias De Meyer, PUR, 2024

Quel est le quotidien d’une école primaire d’un village de la campagne marocaine dans la périphérie de Marrakech ? C’est par une approche ethnographique de longue durée que l’on découvre ici les rapports complexes que le temps a tissé entre les maîtres de l’école de Tachraft, leur directeur, les élèves, les villageois et l’ethnographe lui-même. Mais au-delà de ces rapports tantôt de méfiance, tantôt de connivence, la description montre surtout comment se construit, par le biais des dispositifs d’écriture les plus ordinaires de l’école, la « forme scolaire » et dans le même mouvement, l’ordre d’État. En décrivant de façon précise et systématique les usages des tableaux noirs, des ardoises, des bulletins et autres dossiers d’inscription dans ce milieu « périphérique » ou « marginal » qu’est cette école de Tachraft, on révèle ce qui structure le plus  subtilement l’ordre scolaire comme forme aujourd’hui mondialisée. L’ouvrage offre alors une importante contribution aux travaux concernant l’école en dialoguant avec l’anthropologie des matérialités, de la bureaucratie et de l’État. Il met en perspective, de façon à la fois originale et pénétrante, les débats contemporains sur les notions de dispositif, de discipline et d’écriture.

Mathias De Meyer est diplômé en sciences politiques et en philosophie à l’Université libre de Bruxelles. En 2019, il a défendu, au sein de cette même université, sa thèse de doctorat en anthropologie sociale dont est issu son ouvrage Tachraft. Écritures et ordre d’État dans une école de village au Maroc.

Organisé par Marie-Pierre Oulié et François Siino / Télécharger le flyer

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2024
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